une enquête ouverte à la suite du signalement de deux députés corses

Ils l’avaient promis à l’issue de la commission d’enquête parlementaire que l’un avait présidée, et l’autre, rapportée, sur les dysfonctionnements ayant conduit à l’assassinat d’Yvan Colonna à la prison d’Arles (Bouches-du-Rhône) par un détenu radicalisé, Franck Elong Abé, le 2 mars 2022 : les députés corses Jean-Félix Acquaviva (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) et Laurent Marcangeli (Horizons) ont effectué un signalement à la justice au titre de l’article 40 du code de procédure pénale. Celui-ci permet à tout élu ou fonctionnaire de signaler une infraction dont il a pu avoir connaissance.
A la suite de ce signalement effectué le 5 juillet, le parquet de Tarascon (Bouches-du-Rhône) a décidé d’ouvrir, vendredi 28 juillet, une enquête préliminaire, confiant les investigations à la police judiciaire de Marseille. Dans leur signalement, les deux députés corses visent particulièrement un potentiel effacement de données du système de traitement automatisé Genesis dans lequel est consigné l’ensemble des remarques et incidents, y compris les plus mineurs, concernant chaque détenu, en particulier ceux qui sont le plus étroitement surveillés. Une catégorie à laquelle appartenaient tant Franck Elong Abé que le militant indépendantiste corse condamné à la perpétuité pour participation à l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998.
Selon le témoignage d’une surveillante, une conversation impliquant trois détenus, dont Franck Elong Abé, où l’un d’entre eux disait : « Je vais le tuer », sans qu’il soit possible de déterminer qui parlait, n’a pas été enregistrée dans Genesis. Or, la surveillante assure dans une lettre avoir alerté sa hiérarchie sur cet élément préoccupant. La même gardienne avait noté que Franck Elong Abé avait fait don de paquets de pâtes à d’autres détenus quelques jours auparavant en lâchant cette phrase sibylline : « Je fais le vide. »
Dysfonctionnements de la vidéosurveillance
Ces éléments ont-ils été effacés pour couvrir d’éventuelles défaillances ou n’ont-ils jamais été rapportés sur Genesis ? C’est la question que se posent les deux élus corses. « Nous avons pu constater que ces observations ne figurent ni dans le logiciel de surveillance Genesis ni dans l’onglet complémentaire transmis par la direction de l’administration pénitentiaire », écrivent MM. Acquaviva et Marcangeli dans leur signalement. « Si ces agissements venaient à être vérifiés à la suite des investigations menées sous votre autorité, il nous incombe également de vous signaler des faits de non-assistance à personne en danger ayant entraîné la mort de M. Yvan Colonna », ajoutent-ils.
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