Un nombre record d’enfants à la rue à la veille de la rentrée scolaire


« Le gouvernement précédent n’a pas tenu sa promesse de “zéro enfant à la rue”. Ils sont même encore plus nombreux. Ce n’est pas tenable », alerte la présidente de l’Unicef France, Adeline Hazan. Presque 2 000 enfants sont restés sans solution d’hébergement la nuit du 21 au 22 août après que leur famille a réussi à joindre le numéro d’urgence 115, révèle le cinquième baromètre des enfants à la rue publié mercredi 30 août par l’organisme international et par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), qui regroupe 900 organismes et associations.
Ce nombre augmente : 1 990 enfants à la rue, c’est plus du double du nombre constaté le 31 janvier 2022, c’est aussi 20 % de plus que le 22 août 2022 et, surtout, 56 % de plus que le 30 janvier 2023, à une période où le gouvernement avait porté le dispositif d’hébergement d’urgence à un niveau jamais atteint par le passé, avec 205 000 places au total. Le nombre de femmes seules à la rue avec des enfants est aussi en forte hausse, de 46 % en un an. « Et encore, il s’agit d’estimations minimums, qui ne prennent en compte ni les mineurs isolés, ni les familles qui ne parviennent pas à joindre le 115 ou n’essaient même plus, découragées par les refus », souligne le président de la FAS, Pascal Brice.
Sur le terrain, le constat est encore plus sombre. Dans la métropole lyonnaise, le collectif d’enseignants et de parents d’élèves Jamais sans toit, mobilisé en faveur des enfants sans-abri, est confronté à une situation inédite depuis sa création, en 2014. « Les familles mises à l’abri l’hiver ne le restent plus systématiquement aux beaux jours, bien que la loi prévoit la continuité de l’hébergement d’urgence. 80 familles ont par exemple été remises à la rue le 7 août, avec des enfants âgés de seulement 3 ans, relate Raphaël Vuillez, membre fondateur de Jamais sans toit. Au total, on a recensé 395 enfants sans toit dans la métropole, soit trois fois plus que l’été dernier. Il y a des nourrissons, des familles avec des problèmes de santé assez graves, et aussi des femmes enceintes. »
Parcours du combattant
Quatre-vingts familles ont débuté fin juin l’occupation du gymnase Bellecombe, pensant être rapidement mises à l’abri. Presque toutes restent sans solution, à moins d’une semaine de la rentrée des classes. Des collectifs similaires à Jamais sans toit se sont constitués ou renforcés dans une quinzaine d’autres villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Nantes, Rennes, Grenoble, Saint-Etienne, mais aussi Le Havre, Saint-Nazaire, Fougères, Tours ou encore Argenteuil, Rosny, Ivry-sur-Seine et Pantin en région parisienne. Certains ont hébergé les familles sans-abri au sein d’écoles ou chez des particuliers, ou organisé des collectes pour financer des nuits d’hôtel.
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