Surf : la nouvelle vague africaine

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Un surfeur attrape une vague au Cap, en Afrique du Sud, en août 2022.

Balayons d’entrée de jeu la controverse : on ne saura sans doute jamais quel pays, quelle région du monde, est le véritable berceau du surf. Hawaï, en Polynésie, a longtemps été considéré comme le lieu des origines. Mais le professeur d’histoire américain Kevin Dawson affirme que c’est sur le littoral de l’actuel Ghana, en Afrique de l’Ouest, que la discipline a été décrite pour la toute première fois, dès le XVIIe siècle.

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« Le surf a vraisemblablement été pratiqué, sous une forme ou une autre, depuis des siècles par des communautés côtières partout dans le monde », tranche Andy Davis, cofondateur du label de surf Mami Wata, à l’origine de l’ouvrage de référence sur la culture de la glisse en Afrique, Afrosurf, publié en 2021. « Ce qui est certain, c’est que l’Afrique offre des spots incomparables. Il y a un potentiel énorme, encore inexploré, et aussi une culture africaine du surf qui est en train de s’affirmer selon un paradigme très personnel, poursuit le Sud-Africain. Il ne s’agit pas ici d’une sous-culture cool mise en valeur par les marques et les magazines. » Mais plutôt, estime-t-il, un sport que les jeunes s’approprient via des initiatives communautaires promouvant le bien-être, le développement et même l’émancipation des filles.

Ce constat est partagé par le Sénégalais Oumar Sèye, élu en avril à la tête de la Confédération africaine de surf, une instance créée en 2017. A en croire ce pionnier de la discipline, le surf peut agir comme un moteur de croissance économique en encourageant le développement touristique du continent : « Cela a marché à Hawaï, aux îles Fidji, en Indonésie. Pourquoi pas en Afrique, où nous regorgeons de plages vierges et où il fait beau presque toute l’année ? »

Icônes noires

Sur la scène mondiale du surf, seules trois nations africaines – l’Afrique du Sud, le Maroc et le Sénégal – jouissent aujourd’hui d’une vraie notoriété. Mais la pratique ne cesse de se répandre, du Liberia au Mozambique en passant par le Ghana et le Congo-Brazzaville. De nouvelles compétitions voient le jour sous l’égide de la confédération. Plus encore, alors que le surf a longtemps été perçu comme un sport de Blancs, des icônes, comme le Sud-Africain Mike February, premier Africain noir à avoir participé en 2018 aux championnats du monde, ou le Sénégalais Cherif Fall, inspirent les jeunes adeptes à travers le continent.

Tous les pays côtiers d’Afrique ne vont pourtant pas devenir en un jour de nouvelles places fortes du surf. Les infrastructures touristiques y demeurent souvent embryonnaires, les sponsors sont rares et l’équipement est hors de portée de la plupart des bourses. Les champions se comptent encore sur les doigts d’une main : seuls deux Africains, Jordy Smith et Sarah Baum – tous deux originaires d’Afrique du Sud –, se sont qualifiés pour participer aux Jeux olympiques de Paris, en 2024, où le surf compte désormais comme discipline officielle. « Mais nous allons former des coachs et multiplier les compétitions pour nous professionnaliser. Ainsi, nous attirerons de plus en plus de marques et nous permettrons aux athlètes de vivre de leur sport sans avoir à quitter le continent », veut croire Oumar Sèye.

Malgré les obstacles, l’« afrosurf » suscite déjà un intérêt planétaire. En témoigne le succès rencontré par l’anthologie du même nom : lancé grâce à une campagne de financement participatif, l’ouvrage a finalement été édité par la grande maison britannique Penguin Books et sa lecture chaudement recommandée par le New York Times. Mami Wata est désormais en pourparlers avec une grande plateforme audiovisuelle américaine pour décliner le recueil en série télévisée. « Le surf permet de parler de l’Afrique autrement que ce qu’on a coutume d’entendre sur les grandes chaînes mondiales d’information », souligne Andy Davis.

Le Monde Afrique vous propose une série de cinq reportages pour raconter des fragments de cette histoire faite d’expérimentations, de créativité et de nouvelles ambitions.

Sommaire de notre série « Surf, la nouvelle vague africaine »

Encore confidentielle, la culture surf ne cesse de gagner des adeptes à travers le continent. Nouvelle discipline olympique, ce sport peut aussi être un instrument d’émancipation économique et sociale sur des côtes africaines au potentiel énorme mais largement inexploité. Le Monde Afrique vous propose cinq reportages pour raconter les facettes de cette nouvelle vague africaine du surf.

Présentation de la série La nouvelle vague africaine



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