robuste et sérieux, le XV de France remporte une nette victoire face aux Fidji


Une partie de la France étouffe sous la canicule, mais la soirée nantaise, samedi 19 août, était presque fraîche. On ne sait pas si cela suffira pour apaiser la brûlure de la « gifle monumentale », comme l’a appelée l’entraîneur Fabien Galthié, reçue lundi lorsque les Bleus ont appris le forfait pour le Mondial de leur maître à jouer, Romain Ntamack.
Le XV de France trouvera en tout cas dans sa nette victoire face aux Fidji (34 à 17) au stade de la Beaujoire, à Nantes, de quoi finir la semaine de meilleure humeur. Avec un XV de départ remanié, affichant des manques mais aussi de belles perspectives, les Bleus ont réussi leur soirée, à trois semaines du gargantuesque match d’ouverture du Mondial à domicile, le 8 septembre face à la Nouvelle-Zélande.
Même si les Fidji ne sont pas les All Blacks, même s’il reste des boulons à serrer et des mires à régler, il ne faut pas dédaigner une victoire, la 13e d’affilée à domicile. « Ce match nous a rassurés. On a su suivre la stratégie travaillée toute la semaine. On a su gérer les temps faibles, quand on a encaissé des points, pour repartir de l’avant et marquer tout de suite. Ça a été très satisfaisant » s’est félicité après le match le capitaine du soir, Grégory Alldritt.
La prestation offensive est en léger progrès par rapport à celle rendue, la semaine dernière à Saint-Etienne, lors de la victoire 30 à 27 face à l’Ecosse. On a aperçu – rarement, brièvement mais distinctement – des bribes du jeu qui a conduit les Français à la victoire dans le Tournoi des six nations en 2022 : des courses incisives, de la vitesse et de la précision dans les gestes. L’essai de Peato Mauvaka (29e minute), après un jeu à droite puis à gauche, des percées créant un surnombre parfaitement exploité, en est une bonne illustration. Même si tout n’est pas parfait, loin de là.
« Il y a encore du travail et c’est très bien. Il y a des points qu’on a ajoutés dans notre jeu qui ont été très efficaces. On a beaucoup de points d’amélioration, c’est ça qui est rassurant » a jugé le sélectionneur des Bleus, Fabien Galthié, après le match.
Les Français ont su répondre au défi physique fidjien
A la soixantième minute, le banc des remplaçants – ou plutôt les finisseurs, comme les appelle le staff – avait déjà été vidé. Une décision rare mais avisée : ce sang frais a fait une différence qu’on n’avait pas vue à Saint-Etienne et les « trous d’air » dans le jeu du XV de France aperçus lors des deux premiers matchs de préparation semblent avoir été colmatés. « J’aimerais vraiment féliciter les finisseurs : quand on est sur le terrain et que ceux qui rentrent amènent de l’impact, ça amène beaucoup d’énergie et ça relance totalement le match » a salué le capitaine du soir, Gregory Alldritt.
Beaucoup de Fidjiens jouent en France : avant et après le match, le bord du terrain avait des airs de fête. On a vu Maxime Lucu tomber dans les bras de l’entraîneur fidjien qu’il a connu à Biarritz, Levani Botia et Uini Atonio échanger un long et élaboré « check » comme s’ils disputaient un match pour leur club de La Rochelle, ou encore l’ancien Bordelais Semi Radradra parader après le match avec le maillot de son ancien camarade de club Mathieu Jalibert. Pendant le match, c’était bien différent. Les « Fidjiens volants » – leur surnom – avaient décidé de rester au sol, en adoptant un style de jeu sobre, sans fioriture, toujours frontal, parfois brutal, bien loin de la magie qui les habite parfois.
A ce petit jeu-là, les Français ont fait plus que rivaliser, montrant bien davantage de puissance que leurs adversaires. Très sérieux et précis en défense − une des satisfactions du soir −, les Bleus ont neutralisé les Fidjiens. On n’a guère vu les virevoltants médaillés d’or en rugby à 7 des derniers Jeux olympiques de Tokyo. Seul Semi Radradra a surnagé, avec notamment un essai tout en puissance. Aucun blessé ne semble à déplorer après le match, et si les Français craignaient que la tuile qui a touché leurs camarades Romain Ntamack et Cyril Baille la semaine dernière les atteigne, cela ne s’est pas vu.
La liste pour la Coupe du monde annoncée lundi
A l’inverse, les joueurs pas encore totalement certains d’être dans la liste des 33 joueurs retenus pour la Coupe du monde qu’annoncera Fabien Galthié lundi à 13 heures, avaient, eux, l’objectif bien en tête. Prenez Melvyn Jaminet, par exemple. Auteur d’un match impeccable, notamment face aux perches, il a rappelé que sa saison compliquée ne lui avait pas fait perdre son jeu au pied, « le plus long et le plus haut du circuit international » comme le décrivait Fabien Galthié. La jambe droite du Toulousain a de quoi passer des pénalités au-delà des cinquante mètres : pas inutile lors d’une Coupe du monde.
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Le centre Arthur Vincent, dont la progression en bleu a été perturbée par des blessures, a gagné son match face aux colosses fidjiens en assénant quelques beaux placages. Son compère du centre, Jonathan Danty, a lui aussi mené la vie dure à ses adversaires. « Danty a été excellent, ça nous a posé des difficultés » a salué le coach fidjien, Simon Raiwalui, après la partie. Louis Bielle-Biarrey, avec sa pointe de vitesse et son courage en défense, a de nouveau marqué des points. Antoine Hastoy, qui postule au remplacement de Romain Ntamack, a lui aussi fait une partie plutôt sérieuse, saluée par Fabien Galthié après la rencontre.
Bref, le sélectionneur a beau jurer que « tout est prêt » concernant cette liste des 33 joueurs, ce match face aux Fidji pourrait bien lui faire quelques nœuds au cerveau. Il n’a plus que 36 heures pour procéder aux ultimes ajustements.