Pourquoi les titres restaurant papier sont de moins en moins acceptés par les restaurateurs

De nombreux commerçants ont fait le choix de n’accepter que la version dématérialisée des titres restaurant. En cause: la complexification de la nouvelle procédure de paiement en vigueur depuis le printemps.
Les titres restaurant en version papier vont-ils disparaître? C’est une hypothèse de plus en plus envisageable depuis que leur système de remboursement de ces moyens de paiement a changé pour les commerçants.
La Centrale de réglement des titres (CRT), chargée de centraliser les paiements des émetteurs (à savoir Endered, Bimpli, Up et Sodexo), proposaient plusieurs points de collecte pour les restaurateurs.
Une nouvelle procédure de collecte
Mais depuis sa fermeture, le 1er mars 2023, ces derniers sont obligés de procéder à des envois postaux par recommandé ou par Chronopost à leur charge. Avant cela, ils doivent “effectuer une déclaration en ligne des titres (qu’ils vont) expédier”, précise le Groupement des hôtelleries et restaurations de France (GHR) sur son site.
En mars dernier, la gérante du restaurant Chicon pressé, à Lille, dénonçait ainsi une véritable “usine à gaz”. Dans une publication Instagram, elle évoquait le niveau des commissions ainsi que les trous dans la trésorerie que la nouvelle procédure génère pour les commerçants.
Cette nouvelle procédure implique en effet parfois des retards de paiements pour les commerçants. En comparaison, les titres restaurant dématérialisés implique un paiement instantané et ne nécessite quasiment aucune gestion. Résultat, certains restaurateurs refusent désormais la version papier.
Un quart des professionnels envisagent de les refuser
D’après les résultats d’une enquête menée en juin par le GHR sur ce sujet et relayés par Le Parisien, 10% refusaient déjà les titres en version imprimés. Près d’un quart d’entre eux envisageait de le faire d’ici la fin de l’année. Mais pour certains professionnels, le refus des titres en papier pourrait les priver d’une partie de leur clientèle. Aujourd’hui, encore 40% de ces moyens de paiements fournis par l’entreprise sont imprimés. Quant aux émetteurs de titres, ils ne cherchent pas du tout à empêcher cette tendance. Interrogé par le quotidien, le numéro un du marché Endered estime que la fermeture de la CRT représente “une première étape vers l’abandon du papier”.
Mais la fin de ces titres restaurant imprimés n’est pas à l’ordre du jour du côté du gouvernement. La seule réflexion menée sur ce sujet, à Bercy, concerne l’éventuelle prolongation de son utilisation étendue à tout type de produits alimentaires qui doit normalement prendre fin le 31 décembre prochain.
Comme le rapporte Le Parisien, le ministère attend également un rapport de l’autorité de la Concurrence sur un éventuel encadrement des commissions perçues par les émetteurs dans le scénario d’une dématérialisation des titres. Car c’est aussi un des enjeux pour les petits commerçants qui ont parfois vu le niveau de commissions prélevés sur les titres papier augmenter avec la fin de la CRT.
“Plusieurs émetteurs en ont profité pour aligner le taux de commission du papier sur le taux des titres dématérialisés”, dénonçait ainsi Romain Vidal, le référent titre restaurant pour le syndicat GHR dans les colonnes de La Voix du Nord en mars. “Ça met en danger les petits commerces”, estime-t-il.