Pourquoi les faillites se multiplient ces derniers mois

La hausse de 42% des dĂ©faillances d’entreprises constitue un retour Ă la normale aprĂšs la fin du quoi qu’il en coĂ»te. Explications.
+42%. Câest lâaugmentation du nombre de dĂ©faillances dâentreprises sur les 12 derniers mois par rapport Ă juillet de lâannĂ©e derniĂšre. Le cap symbolique des 50.000 dĂ©faillances dâentreprises par an nâest plus trĂšs loin. Cette soudaine poussĂ©e nâa en fait rien dâĂ©tonnant. Elle rĂ©sulte dâun choix budgĂ©taire dĂ©fendu par le ministre de lâEconomie. Bruno Le Maire a mis un terme Ă la politique du “quoi quâil en coĂ»te“, trĂšs coĂ»teuse pour les finances de lâEtat.
De sorte, quâaprĂšs avoir, durant les rebondissements de la crise sanitaire, bĂ©nĂ©ficiĂ© de ce quâon pourrait appeler un respirateur artificiel (chĂŽmage partiel, prĂȘts garantis par lâEtat, dĂ©calage de ponction fiscale…), les entreprises dĂ©jĂ fragiles avant la crise ont commencĂ© Ă dĂ©pĂ©rir Ă partir du moment oĂč lâEtat les a privĂ©s de ce soutien exceptionnel dont elles bĂ©nĂ©ficiaient. On revient progressivement Ă la situation qui prĂ©valait avant la crise Covid, soit un peu plus de 50.000 dĂ©faillances dâentreprises par an.
La forte hausse des faillites de restaurants est en fait un retour Ă la normale
Câest Ă cette aune quâil faut relativiser la forte hausse ces derniers mois des dĂ©pĂŽts de bilan dans lâhĂŽtellerie et la restauration (+ 69,7% en cumul annuel par rapport Ă juillet 2022). Mais les 6966 dĂ©faillances observĂ©es par la Banque de France dans ce secteur sont comparables au niveau atteint Ă la mi-2019 (6840 dĂ©faillances sur 12 mois).
En revanche, les chiffres de ces derniers mois montrent clairement des disparitĂ©s sectorielles avec, dans pour certains dâentre eux, une plus grande rĂ©silience quâavant la crise et pour dâautres, des dĂ©pĂŽts de bilan soit significativement plus nombreux quâen 2019. Câest le cas dans la galaxie disparate des mĂ©dias (production audiovisuelle, presse, cinĂ©ma, tĂ©lĂ©coms) et parmi les sociĂ©tĂ©s qui opĂšrent dans le secteur financier, avec ce nombre grandissant de courtiers en crĂ©dits immobilier obligĂ©s de mettre la clĂ© sous la porte.
Moins de faillites quen 2019 dans le secteur agricole
Les dĂ©faillances dâentreprises industrielles sont Ă©galement plus nombreuses quâen 2019 (+7,5%) du fait de lâenvolĂ©e du coĂ»t de lâĂ©nergie. A lâinverse, les entreprises du secteur agricole profitent de prix de vente plus Ă©levĂ©s, gĂ©nĂ©rateur de marges suffisantes pour faire face Ă lâenvolĂ©e des coĂ»ts. Par rapport Ă la mi-2019, le nombre de dĂ©faillances affiche une baisse de prĂšs de 16%. Câest aussi vrai pour les transports et la logistique qui profitent dâune forte demande favorisant la hausse de leurs tarifs mais aussi de leurs bĂ©nĂ©fices.
Autre constat intĂ©ressant: les toutes petites entreprises sont moins touchĂ©es que les plus grandes par la remontĂ©e en flĂšche des faillites. Un paradoxe? Pas vraiment. Une partie des entreprises qui auraient dĂ» faire faillite ces derniĂšres annĂ©es si elles nâavaient pas bĂ©nĂ©ficiĂ© du quoi quâil en coĂ»te se retrouvent en mĂȘme temps en difficultĂ©. Une partie dâentre elles ont notamment bĂ©nĂ©ficiĂ© de PGE quâelles ne peuvent plus rembourser.
50.000 dĂ©faillances mais un million de crĂ©ations d’entreprise par an
Proportionnellement moins soutenues par lâEtat durant la crise, les micro-entreprises qui ont moins de charges rĂ©currentes, pas ou peu dâemprunt Ă rembourser, souvent zĂ©ro salariĂ© parviennent aujourdâhui plus facilement Ă faire le dos rond. Il sâagit notamment de ces entreprises créées par des salariĂ©s pour complĂ©ter leurs revenus avec une activitĂ© complĂ©mentaire.
On ne dispose pas de chiffres prĂ©cis sur leur nombre, dans la mesure oĂč un salariĂ© qui crĂ©e une micro-entreprise nâa pas Ă prĂ©ciser lors de lâimmatriculation de sa sociĂ©tĂ© sâil compte Ă terme dĂ©missionner pour sâoccuper Ă 100% de son entreprise. Mais la forte progression des crĂ©ations dâentreprises donne une indication intĂ©ressante avec, clairement, un avant et un aprĂšs Covid. JusquâĂ la mi-2020, il se crĂ©ait en France entre 600 et 800.000 entreprises par an. AprĂšs le premier confinement, le cap du million a Ă©tĂ© franchi sans retour en arriĂšre depuis.
