l’Ethiopie annonce une enquête conjointe

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Des réfugiés éthiopiens dans un camp de migrants d’origine africaine dans le district de Khor Maksar à Aden, la deuxième ville du Yémen, le 3 mars 2022.

Le gouvernement éthiopien a annoncé, mardi 22 août, qu’il allait mener une enquête conjointe avec l’Arabie saoudite, après la publication, la veille, d’un rapport de Human Rights Watch (HRW) accusant des gardes-frontières saoudiens d’avoir tué des « centaines » de migrants éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023.

« Le gouvernement éthiopien enquêtera rapidement sur l’incident en collaboration avec les autorités saoudiennes », a annoncé le ministère des affaires étrangères dans un communiqué publié sur le réseau social X (anciennement Twitter).

« A ce stade critique, il est fortement recommandé de faire preuve de la plus grande retenue et de ne pas faire de déclarations inutiles jusqu’à ce que l’enquête soit terminée », ajoute le ministère, assurant que « les deux pays, malgré cette malheureuse tragédie, entretiennent d’excellentes relations de longue date ».

Dans son rapport, l’ONG affirme que les gardes-frontières saoudiens ont tué des « centaines » de migrants éthiopiens qui tentaient de pénétrer dans la riche monarchie du Golfe via la frontière avec le Yémen, entre mars 2022 et juin 2023.

Pour l’ONU, un rapport « très inquiétant »

Les autorités saoudiennes contestent les faits rapportés par l’ONG. Une source gouvernementale a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que ceux-ci sont « infondés et ne reposent pas sur des sources fiables ».

La France a annoncé mardi qu’elle avait pris « note » du rapport et a appelé les autorités saoudiennes « à conduire une enquête transparente sur ces allégations ».

« La France suit étroitement le respect des droits de l’homme en Arabie saoudite et au Yémen », souligne le ministère des affaires étrangères français dans une déclaration à l’AFP. « Nous abordons ces questions avec les autorités saoudiennes, y compris au plus haut niveau, et les appelons au respect du droit international et à la protection des populations civiles », a ajouté le Quai d’Orsay.

Les Etats-Unis, partenaires de longue date de la monarchie du Golfe, ont également appelé à l’ouverture d’une enquête. « Nous avons fait part de nos inquiétudes concernant ces allégations au gouvernement saoudien », a précisé un porte-parole du département d’Etat. « Nous appelons les autorités saoudiennes à conduire une enquête approfondie et transparente et à respecter leurs obligations en vertu du droit international », a-t-il ajouté.

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Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, a par ailleurs jugé le rapport de HRW « très inquiétant ». « Je sais que notre bureau des droits humains est au courant de la situation et a eu des contacts [sur place], mais il est très difficile pour lui de confirmer la situation à la frontière », a-t-il déclaré.

Le rapport s’appuie sur des entretiens avec trente-huit migrants éthiopiens qui ont tenté de passer en Arabie saoudite via le Yémen, sur des images satellites, des vidéos et des photos publiées sur les réseaux sociaux « ou recueillies auprès d’autres sources ».

« Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie »

Les personnes interrogées ont parlé d’« armes explosives » et de tirs à bout portant, les gardes-frontières saoudiens demandant aux Ethiopiens « sur quelle partie de leur corps ils préféreraient que l’on tire ». Ces migrants racontent des scènes d’horreur : « Femmes, hommes et enfants éparpillés dans le paysage montagneux, gravement blessés, démembrés ou déjà morts », relate HRW.

« Ils nous tiraient dessus, c’était comme une pluie » de balles, témoigne une femme de 20 ans, originaire de la région éthiopienne d’Oromia, citée par l’ONG. « J’ai vu un homme appeler à l’aide, il avait perdu ses deux jambes », mais, raconte-t-elle, « on n’a pas pu l’aider parce qu’on courait pour sauver nos propres vies ».

HRW appelle Riyad à « cesser immédiatement » le recours à la force meurtrière contre des migrants et demandeurs d’asile, exhortant l’ONU à enquêter sur ces allégations.

Des centaines de milliers d’Ethiopiens travaillent en Arabie saoudite, empruntant parfois la « route de l’Est » reliant la Corne de l’Afrique au Golfe, en passant par le Yémen, pays pauvre et en guerre depuis plus de huit ans.

Le Monde avec AFP





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