les missiles anti-satellite qui saccagent l’espace resteront-ils au sol ?

Tous les Ătats membres de lâUnion europĂ©enne ont signĂ© pour sâengager Ă ne pas procĂ©der Ă des tests de missile anti-satellite Ă ascension directe. Cependant, lâUE elle-mĂȘme ne lâa pas signĂ©, jugeant ne pas avoir les compĂ©tences pour rĂ©aliser de telles opĂ©rations de toute façon. La Russie, de son cĂŽtĂ©, a critiquĂ© le rapport, au mĂȘme titre que la Chine.
Lâorbite basse est en danger, et la menace militaire depuis la Terre y est pour quelque chose. En vue de sa saturation de satellites, le moindre dĂ©bris peut entraĂźner des collisions Ă la chaĂźne ravageuses, et rendre impĂ©nĂ©trable une zone autour de la Terre indispensable pour nos systĂšmes de communication (on ne parle pas que de Starlink), dâobservation ou encore de gĂ©olocalisation.
Si les plus de 36 000 dĂ©bris ordonnent dĂ©jĂ Ă des satellites comme la Station spatiale internationale (ISS) dâopĂ©rer des changements de trajectoire, la bĂȘte noire de lâespace est encore le missile anti-satellite, et ses effets secondaires, des missiles jugĂ©s « dĂ©stabilisateurs et irresponsables » par le MinistĂšre des ArmĂ©es en France.
En cette fin du mois dâaoĂ»t, les 27 pays membres de lâUnion europĂ©enne se sont engagĂ©s dans un texte, aux cĂŽtĂ©s des Ătats-Unis, Ă ne pas rĂ©aliser dâessais de ce type et ainsi mettre fin Ă une telle escalade militaire qui pourrait avoir des « impacts Ă©tendus et irrĂ©versibles sur lâenvironnement spatial ».

LâAutriche, la France, lâAllemagne, lâItalie et les Pays-Bas avaient dĂ©jĂ abouti Ă cet engagement dans un groupe de travail des Nations Unies baptisĂ© OEWG, créé peu aprĂšs le lancement dâun missile de type ASAT russe qui avait fait exploser un vieux satellite soviĂ©tique et relĂąchĂ© pas moins de 1 800 dĂ©bris dans lâespace.
LâUnion europĂ©enne nâa pas signĂ© le document au mĂȘme titre que ses pays membres, jugeant de toute façon ne pas avoir les compĂ©tences pour pouvoir mener de tels tests. « Il ne sâagit pas dâun engagement de la part de lâUE, car ce comportement potentiel ne relĂšverait pas des compĂ©tences de lâUE », dĂ©clarait un porte-parole, citĂ© par Space News.
De son cĂŽtĂ©, la Russie et la Chine ont critiquĂ© la direction des discussions au sein de lâONU en critiquant lâabsence de mention de prĂ©vention contre de tels missiles directement en orbite.
Un confinement dans lâISS Ă cause dâun missile
Peu aprĂšs la collision entre le missile russe et le satellite dĂ©funt, en novembre 2021, lâensemble de lâorbite avait Ă©tĂ© salie de dĂ©bris et lâĂ©quipage de lâISS avait mĂȘme dĂ» se confiner dans leur capsule Crew Dragon le temps de longues heures, dans lâĂ©ventualitĂ© dâun sauvetage dâurgence.
Selon des donnĂ©es de SpaceNav, alors mĂȘme que la collision avait Ă©tĂ© faite Ă une altitude de 480 kilomĂštres, proche de lâISS donc, les dĂ©bris suite au missile anti-satellite sâĂ©taient trĂšs vite Ă©parpillĂ©s entre 300 et 1 100 kilomĂštres de haut, de quoi se rendre compte de lâimpact dâun tel lancement.
Plus dangereux que les plus gros, les petits dĂ©bris de moins de 10 centimĂštres ne peuvent pas ĂȘtre suivis par les radars au sol et les tĂ©lescopes. Ils sont donc invisibles et les satellites ne peuvent pas modifier leur trajectoire en fonction de ces derniers.
Or en 2022, on comptait plus de 900 000 objets de plus de 1 cm, et plus de 1 300 000 objets de plus de 1 mm. Ă savoir quâun objet en orbite Ă moins de 400 kilomĂštres dâaltitude met dĂ©jĂ jusquâĂ 20 ans pour se dĂ©sintĂ©grer dans lâatmosphĂšre ou sâĂ©craser sur Terre.
Source :
Space News