La rentrée très politique de Gabriel Attal

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Le ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Gabriel Attal arrive au conseil départemenal à Saint-Denis de La Réunion, accompagné de son président Cyrille Melchior, lors de sa visite de deux jours sur l'île de La Réunion pour la rentrée scolaire, le 16 août 2023.

La nuit enveloppe l’océan Indien. Flanqué du préfet et du recteur, Gabriel Attal est conduit directement au pied de l’avion qui, depuis Saint-Denis de La Réunion, doit le ramener le lendemain matin à Paris. Il suspend la veste de son costume ajusté dans le placard de la cabine business, et pose sa vapoteuse sur la tablette, à côté d’un verre de vin rouge. Sa délégation est fourbue, pas lui. Sa chemise blanche immaculée n’a pas un pli. Et son visage bronzé ne garde aucune trace, ou si peu, de ce déplacement lointain.

Il est à peine installé qu’un passager s’approche et réclame un selfie : « Je suis fan de vous ! » Le jeune ministre de l’éducation nationale s’exécute, enchanté. « Les gens sont hyper sympas, confie-t-il en se rasseyant. Quand ils viennent vous voir, comme ça, c’est tentant de s’imaginer un destin, de se mettre à y croire… Mais il faut faire la part des choses entre le soutien politique et le simple “vu à la télé”. Il ne faut pas se laisser griser. »

Gabriel Attal a passé deux jours sur l’île de La Réunion, pour la rentrée scolaire des Réunionnais. Jeudi 17 août, devant une classe de La Possession, à 15 kilomètres de Saint-Denis, il se laisse questionner par des élèves de primaire : « Es-tu la troisième personne la plus importante en France ?

– Je ne dirais pas ça, tout le monde est important, sourit celui qui a âprement négocié avec Emmanuel Macron de ne « pas être au-dessous » de son prédécesseur, Pap Ndiaye, dans l’ordre protocolaire du gouvernement (il est septième).

– Est-ce que tu es stressé ?, demande un autre.

– Bien sûr, je suis toujours très stressé. Il faut savoir canaliser son stress et s’en servir pour être bon. »

« Je suis sans tabou »

Le ministre de l’éducation nationale, Gabriel Attal, échange avec des élèves sur la question du harcèlement scolaire, au collège de Bourbon de Saint-Denis, à La Réunion, le 17 août 2023.

Nommé le 20 juillet ministre de l’éducation nationale, à 34 ans seulement, c’est peu dire que Gabriel Attal est sous pression, à la veille de sa première rentrée. Jeudi 24 août, il s’adressera à tous les recteurs de France pour leur fixer ses trois priorités : « élever le niveau », remettre de « l’autorité » à l’école, et faire en sorte que celle-ci donne enfin « confiance » aux élèves, avec un enseignement artistique et culturel. Le discours « le plus important » de sa jeune carrière politique, confiait-il avant d’apprendre que le président de la République allait faire sa propre rentrée sur les sujets éducatifs, avec des annonces tonitruantes dévoilées mercredi soir dans Le Point. « Ça met du vent dans les voiles », jure un conseiller du ministre, qui tente de faire bonne figure.

Lundi 21 et mardi 22 août, Attal a reçu l’ensemble des responsables syndicaux, qu’il avait déjà appelés, un par un, pendant ses courtes vacances en Corse. A La Réunion, il a pu toucher du doigt les revendications de ces derniers. Devant une poignée d’entre eux, rencontrés mercredi 16 août au rectorat de Saint-Denis, le ministre a laissé entendre qu’il allait repousser certaines épreuves du bac de mars à juin, afin d’éviter la démobilisation des élèves au troisième trimestre. Il annoncera sa décision le 28 août, lors de sa conférence de presse de rentrée.

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