la guerre et la faim menacent d’« emporter » tout le pays, selon l’ONU

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Des femmes ayant fui la guerre au Soudan attendent la distribution de rations d’aide internationale, dans un camp de réfugiés près de la ville d’Adre, dans l’est du Tchad, le 15 août 2023.

La guerre et la faim menacent d’« emporter » tout le Soudan et de faire basculer la région dans une catastrophe humanitaire, a alerté, vendredi 25 août, l’ONU, qui manque de fonds et fait face à des obstacles bureaucratiques pour acheminer l’aide.

Depuis le 15 avril, de violents combats opposent l’armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide. « Plus les combats se prolongent, plus leur impact est dévastateur. Dans certains endroits, il n’y a déjà plus de nourriture. Des centaines de milliers d’enfants souffrent de malnutrition sévère et risquent de mourir de façon imminente s’ils ne sont pas soignés », prévient le secrétaire des Nations unies aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, dans un communiqué, en ajoutant : « Ce conflit qui s’étend – ainsi que la faim, les maladies et les déplacements de population qu’il entraîne – menace désormais d’emporter tout le pays. »

A Genève, son porte-parole, Jens Laerke, a déclaré lors d’un point de presse que l’ONU fait face à deux problèmes : le manque de fonds et les difficultés d’accès à la population, en raison de l’insécurité mais aussi des nombreux « obstacles bureaucratiques » qui entravent l’acheminement de l’aide. En conséquence, des conteneurs se retrouvent bloqués à Port-Soudan, où l’ONU a établi son centre logistique, et les Nations unies ne se voient pas attribuer assez de visas pour faire entrer le personnel nécessaire dans le pays.

380 000 personnes ont fui le pays

L’ONU n’a reçu que 26 % des 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d’euros) demandés pour financer l’aide au Soudan cette année. Or, selon l’Organisation mondiale de la santé, 20,3 millions de personnes au Soudan – plus de 42 % de la population – souffrent de niveaux élevés d’insécurité alimentaire depuis le mois de juillet. Les maladies (rougeole, paludisme, dengue…) se propagent dans tout le pays et la plupart des gens n’ont pas accès à des traitements médicaux. « Le conflit a décimé le secteur de la santé, la plupart des hôpitaux étant hors service », note ainsi M. Griffiths.

La guerre est à l’origine de la mort de 5 000 personnes, selon l’ONG Acled. Le bilan réel pourrait être supérieur. L’ONU est particulièrement inquiète face aux informations faisant état du recours aux enfants en tant que soldats. Les humanitaires ont entendu des mères et des enfants raconter aux journalistes que ces derniers sont utilisés comme « arme de guerre pour tuer », selon le porte-parole de l’Unicef à Genève, James Elder.

Les combats intenses qui ont ravagé la capitale, Khartoum, et le Darfour depuis la mi-avril se sont étendus au Kordofan, dans le sud du pays. En quatre mois, plus de 4,6 millions de personnes ont été contraintes de fuir les affrontements, dont près de 1 million dans les pays voisins. Depuis le début du conflit, 380 000 personnes ont fui au Tchad, a rappelé Médecins sans frontières (MSF) vendredi. « Les soins sont insuffisants, il n’y a même pas assez de camps aujourd’hui pour pouvoir abriter tous ceux qui en ont besoin », a dit à des journalistes une responsable pour l’aide d’urgence de MSF, Trish Newport, qui réclame une « augmentation massive et rapide de l’aide humanitaire ».

Lire aussi la chronique de Jean-Pierre Filiu : Article réservé à nos abonnés Au Soudan, il y a non-assistance à peuple en danger

Le Monde avec AFP



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