comment les jeux de combat passionnent depuis 30 ans

0


L’annĂ©e 2023 signe le retour en force des jeux de combat. AprĂšs Street Fighter 6 Ă  l’Ă©tĂ©, Mortal Kombat 1 arrive Ă  la rentrĂ©e avant que Tekken 8 ne complĂšte le trio historique en janvier prochain.

Le combat Ă  trois reprend. AprĂšs Street Fighter 6 qui a signĂ© un retour Ă©tincelant en juin, Mortal Kombat 1 s’apprĂȘte Ă  revenir dans l’arĂšne le 19 septembre avant que Tekken 8 ne sorte les poings le 26 janvier prochain. Les trois franchises stars du jeu de combat des annĂ©es 1990 auront alors proposĂ© aux joueurs leur derniĂšre version modernisĂ©e, mais aussi, le promettent-elles, un renouveau.

Si on trouve trace de jeu vidĂ©o de combat sur ordinateur dĂšs les annĂ©es 1970 (Heavyweight Champ en 1976 avec ses boxeurs pixellisĂ©s qui se font face), il faut plutĂŽt remonter Ă  la dĂ©cennie suivante et Ă  l’explosion des salles d’arcade pour voir arriver les premiers vĂ©ritables combattants. On en trouve alors autour des arts martiaux et de la boxe, dont Street Fighter qui arrive en 1987. Avant lui, Punch Out! avait dĂ©jĂ  sĂ©vi.

Les années 1990, terreau fertile des jeux de combat

Ce sont les annĂ©es 1990 qui vont donner ses lettres de noblesse aux jeux beat’em up. À sa sortie en 1991, Street Fighter II est le roi de la salle d’arcade, mais aussi de la console de salon en pleine expansion, et il entraĂźne Ă  sa suite une litanie de nouveaux jeux de combat (Streets of Rage, TMNT Turtles in Times, Fatal Fury…), plus ou moins bons.

Puis dĂ©barque Mortal Kombat (1992) qui choisit de se dĂ©marquer en optant pour l’ultra-violence des combats. La difficultĂ© des jeux croĂźt aussi vite que le nombre de titres, notamment pour permettre aux salles d’arcade de faire rester plus longtemps le joueur qui ne supporte pas de perdre.

Il faut attendre l’annĂ©e 1994 pour voir Tekken dĂ©barquer avec la 3D. Katsuhiro Harada, son crĂ©ateur, veut alors concurrencer Virtua Fighter, le roi du jeu de combat en 3D. “Quand j’ai commencĂ©, l’objectif principal Ă©tait de rattraper Virtua Fighter”, explique-t-il Ă  Tech&Co.

“Mes collĂšgues m’ont dit qu’il faudrait peut-ĂȘtre 10 ans pour y arriver. À un moment, je me suis dit qu’en 15 ans, nous atteindrions notre objectif et que les choses s’arrĂȘteraient lĂ . Cela fait donc deux fois plus longtemps que je le pensais”, sourit-il.

Et 30 ans plus tard, il s’apprĂȘte Ă  lancer Tekken 8 (26 janvier 2024) tandis que Virtua Fighter est sorti des radars depuis 2012, six ans aprĂšs sa 5e et derniĂšre dĂ©clinaison en date. Pour ce nouvel opus, le crĂ©ateur japonais promet de la nouveautĂ©. “Ce Tekken 8 est l’épisode qui se diffĂ©rencie le plus des autres jeux de la sĂ©rie. Les jeux de combat que vous voyez sur le marchĂ© sont principalement en 2D alors que Tekken est un jeu en 3D, cela signifie que les personnages peuvent se dĂ©placer librement sur les niveaux en 3D. C’est trĂšs important, car c’est l’un des rares jeux de combat comme ça”, rappelle Harada, comme pour se dĂ©marquer d’une concurrence qu’il sait encore forte.

Renouveler sans bouleverser

Street Fighter 6 mise sur des combats de rue aux poings Ă  travers le monde. Mais Mortal Kombat 1 promet des combats dans des environnements assez similaires (certes avec des combats latĂ©raux) et Ă©galement un mode histoire qu’il veut fort. Dans les tĂȘtes des joueurs, le retour au premier plan des stars du fighting s’apparente donc Ă  un nouveau combat entre tĂ©nors pour avoir leurs faveurs.

Je crois que les gens ont une sorte de nostalgie,” analyse Ed Boon, crĂ©ateur de la sĂ©rie Mortal Kombat, auprĂšs de Tech&Co. “Ils ont l’impression de se souvenir de la premiĂšre fois qu’ils ont jouĂ© Ă  Mortal Kombat ou Ă  l’un des jeux prĂ©cĂ©dents. Ils ont aussi cette nostalgie de revivre 30 ans de jeux et de nouveautĂ©s. Car nous avons toujours fait des ajouts pour le garder Ă  jour.”

Pour lui, le succĂšs de ces jeux qui ne se dĂ©ment pas depuis si longtemps s’explique par une forme de transmission vidĂ©oludique. “Beaucoup de joueurs qui ont jouĂ© Ă  ce jeu il y a 30 ans sont mariĂ©s et ont des enfants maintenant. Ils transmettent, car ils ont apprĂ©ciĂ© le jeu”, sourit le patron de NetherRealm Studios.

Tekken et Mortal Kombat ont su, Ă  travers le temps, conserver aussi leurs personnages emblĂ©matiques comme leur trame: les rivalitĂ©s entre les familles Mishima et Kazama chez Tekken avec toujours les coups surpuissants au programme; la multitude de personnages dans Mortal Kombat dont l’incontournable Johnny Cage (incarnation de Jean-Claude Van Damme), Liu Kang, Scorpion, Raiden, mais aussi des invitĂ©s de prestige (Kratos de God of War, Alien, RoboCop, Rambo, Freddy Krueger…). Des personnages qui reviennent d’un jeu Ă  l’autre aussi en Ă©coutant les envies de la communautĂ© et servent de fil rouge.

Garder l’esprit de combat

Mais pour Harada comme Boon, la popularitĂ© des jeux tient aussi Ă  leur capacitĂ© Ă  se renouveler. “Les joueurs apprĂ©cient Mortal Kombat, car nous n’avons pas peur de changer”, argumente Ed Boon. “Mortal Kombat 1 est complĂštement diffĂ©rent de Mortal Kombat 11 (le prĂ©cĂ©dent titre sorti en 2019, ndlr), avec un nouveau gameplay, une nouvelle histoire et un mode solo enrichi qui va nous distinguer.”

Et Harada d’aller aussi dans ce sens quand il est question de moderniser tout en conservant les fondamentaux. On retrouve dans Tekken 8 les personnages utilisant des arts martiaux, mais aussi des superpouvoirs et des techniques de combats Ă  part, en solo ou en duo. Mais le jeu fera aussi appel Ă  de l’IA pour porter un nouveau gameplay qui sera plus Ă  mĂȘme de s’adapter Ă  votre façon de combattre.

Et le prochain opus glisse aussi un clin d’Ɠil aux joueurs plus anciens avec le mode solo Arcade Quest. “On a voulu redonner le sentiment de cette culture Arcade et de sa communautĂ©,” confie-t-il. “Cette culture a en quelque sorte disparu en Occident au cours de la derniĂšre dĂ©cennie. Tellement de personnes n’ont probablement pas eu la chance d’en faire l’expĂ©rience. Nous voulions donc leur donner une place dans le jeu, le sentiment de visiter une salle d’arcade japonaise d’antan et de pouvoir se dire : ‘Oh, cette situation en particulier, cette communautĂ© de joueurs, je m’en souviens.’”.

Li Mei et Sub-Zero, deux des combattants dans Mortal Kombat 1
Li Mei et Sub-Zero, deux des combattants dans Mortal Kombat 1 © Warner Bros

S’il pouvait changer son tout premier Tekken, Harada n’en ferait finalement rien. “Il y a toujours quelque chose que j’aimerais changer aprĂšs coup. À l’époque, nous n’avions pas la mĂȘme technologie et nous ne pouvions pas vraiment faire tout ce que nous rĂȘvions de faire. Mais il ne faut pas y penser et simplement tirer les leçons des prĂ©cĂ©dents pour rendre la suite encore meilleure”, analyse le responsable du projet.

Alors que son Mortal Kombat a souvent jouĂ© la carte de l’originalitĂ© visuelle (rien qu’avec les FatalitĂ©s, visualisation sanguinolente et violente des coups), Ed Boon ferait bien un saut dans le train pour revoir sa copie. “MalgrĂ© mes 30 ans d’expĂ©rience dans la crĂ©ation de ces jeux, si je revenais en arriĂšre, je les ferais complĂštement diffĂ©remment. Mais c’est simplement Ă  cause de l’expĂ©rience que j’ai vĂ©cue en crĂ©ant ces jeux pendant si longtemps”, s’amuse Ă  dire celui qui aimerait encore voir sa franchise exister d’ici 30 ans. En l’état, mais en mieux.



Source link

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *