Comment fonctionne la machine de propagande russe en Afrique

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Un Malien pose devant le drapeau russe lors d’une manifestation organisĂ©e par l’association Yerewolo, Ă  Bamako, en fĂ©vrier 2022.

Aux premiĂšres heures du sommet Russie-Afrique, une rumeur se faisait de plus en plus pressante : Evgueni Prigojine serait-il Ă  Saint-PĂ©tersbourg, dans les coulisses de cette rĂ©union qui se tient jeudi 27 et vendredi 28 juillet ? L’interrogation s’est faite plus forte encore quand l’un des fidĂšles lieutenants du chef de Wagner, Dmitri Sytyi, chargĂ© des opĂ©rations politiques et civiles du groupe paramilitaire Ă  Bangui, a postĂ© une photo de M. Prigojine et d’un responsable centrafricain lĂ©gendĂ©e : « On voit des visages connus » – sans toutefois que cette image puisse ĂȘtre datĂ©e.

PrĂ©sent en chair et en os ou pas, l’auteur d’une rĂ©bellion manquĂ©e contre l’état-major russe, il y a un mois, est un acteur essentiel de la deuxiĂšme Ă©dition du sommet organisĂ© par Vladimir Poutine, tant il a Ă©tĂ© l’un des chefs d’orchestre de l’expansion russe en Afrique. « L’Afrique est une rĂ©gion du monde oĂč convergent les intĂ©rĂȘts de toutes les puissances mondiales. La position d’un Etat sur la scĂšne internationale dĂ©pend directement de l’influence qu’il exerce sur le continent africain », Ă©crivait le groupe Wagner en 2019 dans une note interne consultĂ©e par Le Monde.

Sa conquĂȘte de certains pays africains, M. Prigojine l’a faite grĂące Ă  ses mercenaires, mais aussi avec ses usines Ă  trolls, qui ont obtenu la premiĂšre victoire russe : celle des esprits. De Niamey, oĂč, jeudi, des manifestants ont rĂ©clamĂ© la venue des « Russes » aprĂšs le coup de force des militaires, jusqu’à Kinshasa, oĂč fleurissent dans les rues les drapeaux du pays, jamais le continent n’avait paru aussi russophile et francophobe.

Depuis le premier sommet Russie-Afrique, Ă  Sotchi en 2019, Evgueni Prigojine a mis en place un appareil de propagande sophistiquĂ© pour tenter de redonner Ă  son pays une part du poids diplomatique perdu un quart de siĂšcle plus tĂŽt avec la chute de l’URSS. Le but : promouvoir la « diffusion d’informations sur le soutien russe et soviĂ©tique aux pays africains dans leur lutte pour l’indĂ©pendance » et la « formation d’attitudes nĂ©gatives Ă  l’égard des puissances europĂ©ennes et des Etats-Unis », explicite le document interne Ă  la firme citĂ© plus haut.

Le Groupe Wagner a appliquĂ© cette stratĂ©gie, Ă  des degrĂ©s divers, dans tous les pays dans lesquels il a vendu ses services. En Centrafrique et au Mali par exemple, la propagande russe a germĂ© sur un terreau fertile, celui d’un sentiment panafricain fort et d’un rejet de l’Occident. Tissant un rĂ©seau de dĂ©sinformation Ă  l’aide de sociĂ©tĂ©s telles qu’Africa Politology (sanctionnĂ©e par le TrĂ©sor amĂ©ricain en janvier), Wagner s’est appuyĂ© sur des influenceurs russes pour relayer sa pensĂ©e, puis sur des acteurs politiques africains, et a su profiter de sĂ©quences politiques pĂ©rilleuses, telles que les coups d’Etat et les Ă©lections. Le Monde a dĂ©cryptĂ© cette stratĂ©gie de propagande.

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