Ce qu’il faut retenir de la 2e journée des Championnats de France d’Albi

Le vent aura bien chamboulé cette deuxième journée des Championnats de France, samedi à Albi. Trop favorable, il a empêché l’homologation des 13”01 de Sasha Zhoya en finale du 110 m haies (+2,3 m/s), la grosse performance du jour. En sprint comme dans les sauts, il fut difficile d’appréhender les rafales.
Ryan Zézé, battu pour 8 millièmes en finale du 100 m, vendredi, par Mouhamadou Fall, a pris l’ascendant sur le 200 m, samedi. Le sprinteur normand, licencié à Bordeaux, s’est détaché dans les derniers mètres pour l’emporter en 20″32 (+2,3 m/s), contre 20″38 pour Fall. Meba-Mickaël Zézé, déjà 3e du 100 m, monte de nouveau sur le podium avec 20”66.
« C’est mon premier titre, je le savoure en famille, souriait le nouveau champion de France. C’est une belle revanche sur la course d’hier, ça fait vraiment plaisir. Dans les cinquante derniers mètres, je me parle à moi-même. Je me répète : il ne faut pas qu’il passe devant moi, il ne faut pas qu’il passe devant moi. Cette phrase, je l’ai déjà répétée à la coupe d’Europe. Ça avait fonctionné. Et aujourd’hui ça a aussi marché. Je vais le faire tout le temps. »
« J’avais pris le meilleur hier sur 100 m, et je savais qu’aujourd’hui ça allait être une belle bagarre, réagissait Fall. Il prend l’or, c’est mérité. Je suis content au final de ma course. Je n’étais pas certain de m’aligner à cause d’une petite douleur à l’ischio. »

Ryan Zézé (à gauche), champion de France du 200 m et sa nièce, son frère aîné Meba-Mickaël Zézé, troisième, et son fils. (F.Porcu/L’Equipe)
Sur le 100 m féminin, Mallory Leconte a eu plus de chance puisque ses 11″23, réalisés avec +1,8 m/s de vent, constituent son nouveau record personnel et la meilleure performance française. La sprinteuse de Saint-Denis Emotion (22 ans) s’est imposée devant Cynthia Leduc (11″32) et Hélène Parisot (11″35), qui a pulvérisé son record. Carolle Zahi, titrée ici en 2018 et 2020, s’est contentée de la 5e place avec 11″45.
Wilfried Happio a décroché son 5e titre national à l’arraché, en 48″72, prenant le meilleur sur Ludvy Vaillant (48″84) sur le plat, après la 10e haie. Jordan Terrasse complète le podium avec 50″52. « Il y avait un gros vent ligne droite opposée, expliquait le 4e des Mondiaux 2022. En plus je bouge un peu dans les starts, je me prends un carton jaune. Je n’avais pas le droit à l’erreur. Malgré le vent, j’ai réussi à tenir ma stratégie de 13 foulées jusqu’à la 8. Dans la dernière ligne droite, le stade s’est enflammé et ça m’a poussé. Je ne suis pas en pleine forme, j’ai une pubalgie, une tendinite au tendon d’Achille, j’avais hâte que ce Championnat se finisse pour pouvoir faire des soins, aller voir des experts. »

Wilfried Happio a dû s’employer sur les derniers mètres pour battre Ludvy Vaillant. (F.Porcu/L’Equipe)
Pommery fait une « Kaf »
Dos au mur, troisième avec seulement 7,92 m avant le dernier essai, Jules Pommery a tout donné sur sa dernière tentative pour s’offrir un deuxième titre national de rang. Retombant à plus de 8 mètres pour la première fois de la saison (8,12 m), le médaillé de bronze de l’Euro de Munich, l’an passé, ne verra pas sa performance homologuée à cause du vent (+2,4 m/s).
« On va faire comme Kaf (Kafétien Gomis) maintenant (rires), au 6e essai. C’est bien de construire un concours comme ça. Ça m’a permis de me régler. L’avant-dernier saut c’est le même mais mordu, ça montre que je suis régulier. J’ai énormément galéré cette saison avec ma cheville (droite, cheville d’impulsion). Il y a un peu de vent mais j’ai de la régularité sans douleur et sans appréhension. »
Pommery a donc éteint la sensation Dreyfus Gbadjale, qui a porté son record à 8,04 m avec un vent pile poil dans la limite (+2 m/s). À 24 ans, le sauteur licencié à Antony a progressé de 50 cm. Le double champion du monde junior Erwan Konaté a bondi à 8,02 m, prenant le bronze, avant de se blesser et de se retirer.
La déception du « Mak »
Makenson Gletty a remporté haut la main le décathlon avec un nouveau record personnel de 8 279 points, total qui le laissait terriblement frustré, lui qui chasse une qualification au ranking pour Budapest. « Je suis déçu, concédait le combinard qui s’entraîne à Nice. C’était une journée où je comptais faire beaucoup mieux que lors de mes décathlons précédents. Je fais des erreurs bêtes, ce qui m’a coûté quelques points, voire beaucoup de points. Je sais ce que je valais et je n’ai pas pu le mettre en place. Ça reste un record, mais ça a un goût amer. Je m’estimais vraiment à 8 400, 8 500. Il faut que je travaille encore plus certaines choses que ça devienne vraiment fondamental et ça tombera. »

Makenson Gletty ne pouvait pas cacher sa déception à l’arrivée du 1 500 m. (F.Porcu/L’Equipe)
Kevin Mayer a comme prévu pris part aux deux dernières épreuves du décathlon. Au disque, il a réalisé 46,92 m après avoir mordu ses deux premiers essais. À la perche, dans un concours où il a vu plusieurs fois son élan freiné par des rafales de vent, il a effacé 5,10 m à son troisième essai avant d’échouer par trois fois à 5,20 m.
La passe de trois pour Brossier, Bedrani et Chevrier
Troisième titre pour Amandine Brossier sur 400 m, sacrée avec une belle marge en 52″53, devant Estelle Raffai (53″09) et Léa Thery (53″46), et Djilali Bedrani sur 3 000 m steeple, en 8’24″87, devant Nicolas Daru (8’26″53) et Yoann Kowal, de retour sur piste (8’30’46).
Sur le 1 500 m, Agathe Guillemot a remporté une finale très disputée en 4’22″69, devant Charlotte Mouchet (4’23″29) et Katia Delarche (4’23″60), qui a coiffé dans les derniers mètres la récente recordwoman du mile Bérénice Cleyet-Merle (4’24″14). Malgré un concours interminable et un vent facétieux, Margot Chevrier a remporté son troisième titre à la perche avec 4,61 m, devant Ninon Chapelle (4,51 m) et Elina Giallurachis (4,21 m).

Agathe Guillemot a célébré sa victoire sur le 1 500 m. (F.Porcu/L’Equipe)
À noter les titres d’Anne-Suzanna Fosther-Katta au triple saut avec 13,80 m (+2 m/s), Rémi Conroy au javelot (77,50 m), Christine Gavarin au poids avec 15,49 m et Dorian Lairi à la hauteur (2,13 m).
Côté séries, Kandissounon et Biron faciles
Léna Kandissounon a signé le meilleur chrono des séries du 800 m en 2’02″49, la médaillée de bronze de l’Euro indoor 2023 Agnès Raharolahy passe avec 2’03″62, en revanche, pas de finale pour Charlotte Pizzo, 5e de la dernière série en 2’06″85.
Gilles Biron ne s’est pas économisé en séries du 400 m avec 45″36. Dans cette discipline très dense, quasiment tous les meilleurs seront au rendez-vous de la finale dimanche : Téo Andant (46″14), David Sombé (46″01), Thomas Jordier (46″72). Seul Loïc Prévot (45″99 cette saison) est passé à côté avec 46″99. Ludovic Ouceni, 5e Français de l’été (45″87) avait mis un terme à sa saison après une blessure à l’Euro espoirs au début du mois.